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Leo Fender : le visionnaire de génie

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Le nom de Fender résonne dans l’oreille des musiciens et de quiconque s’intéresse au rock’n’roll. En effet, il s’agit d’une célèbre marque de guitare électrique, objet sacré du genre. Mais derrière ce nom se cache un homme, introverti et travailleur acharné, que rien ne prédestinait à révolutionner la musique de la fin du XXe siècle.

C’est en 1909, le 10 aout, que nait Clarence Leonidas Fender, à Anaheim en Californie. Il est le fils de Clarence Monte Fender et de Harriet Elvira Wood. Ses parents ont une ferme située entre Anaheim et Fullerton, dans laquelle ils font pousser des légumes, des melons et des oranges qu’ils vendent dans un camion à Long Beach. L’intérêt pour la musique de ce fils de modestes fermiers apparait durant son adolescence. Il prend d’abord des leçons de piano avant de se tourner vers le saxophone qu’il joue dans l’orchestre de l’école. Mais cela ne dure guère, puisque très vite, son amour pour l’électronique prend le dessus. C’est grâce à son oncle, John West, que nait cette passion. Ce dernier a un garage à Santa Maria, dans lequel il expose une radio qu’il a montée lui-même et qui fascine son neveu alors âgé de 13 ans. Leo se met lui-même à réparer des radios et des amplificateurs chez lui dans un petit atelier et crée même sa première guitare, la « Leo’s Baby », à l’âge de 16 ans. Après avoir été diplômé du lycée Fullerton Union High School en 1928, il s’inscrit au Fullerton Junior College en comptabilité, études complétées avec succès en 1930.

Après l’université, Leo prend un job de livreur pour la Consolidated Ice and Cold Storage Company avant d’être promu au poste de comptable. C’est à cette époque qu’il est approché par le leadeur d’un groupe local afin de fabriquer un système de sonorisation que le groupe utilisera lors d’événements à Hollywood. Il n’a jamais suivi de cours en électroniques, qui ne constitue qu’un hobby : ses connaissances, il les acquière sur le tas. La crise lui fait perdre tour à tour deux emplois de comptable dans deux entreprises différentes. Leo décide donc de se consacrer à sa véritable passion et abandonne la comptabilité. En 1938 il ouvre une boutique de vente, de location et de réparation de matériel électronique qu’il nomme Fender Radio Service. Les affaires marchent, ce qui fait que deux ans plus tard, il s’installe dans des locaux plus grands, en centre-ville. Quand Les États-Unis entrent en guerre, Fender est déclaré inapte à cause de la tumeur qui lui a fait perdre l’œil gauche, remplacé par un œil de verre, à l’âge de 8 ans. Sa curiosité lui fait étudier tous les objets qu’il répare et vend et le pousse à l’expérimentation. Il devient alors un expert en électronique de façon totalement autodidacte.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Leo Fender fonde avec son ami Clayton « Doc » Kauffman la société K&F Manufacturing Corporation qui fabrique des amplificateurs et des guitares lap steel en petites quantités. En 1946, Kauffman quitte la compagnie. Fender se consacre alors à temps plein à la fabrication de guitare et d’amplis et rebaptise l’entreprise Fender Electric Instrument Company. Avec son équipe il se lance dans la création de modèles de guitares et de basses électriques sans caisse de résonance, à corps plein, dites solidbody. Il se nourrit de ce qui a déjà été fait et de ses nombreuses conversations avec des musiciens pour mettre au point un prototype en 1949. L’année suivante sort l’Esquire (utilisé par des artistes tels que BB King à ses débuts, Bruce Springsteen ou David Gilmour), puis encore un an après la Broadcaster rebaptisée ensuite Telecaster qui est considérée comme l’un des modèles les plus célèbres. Leo Fender n’est pas à proprement parler à l’origine de la création de la guitare dite solidbody mais il est le premier à les fabriquer en série. C’est en 1954 que sort le fameux modèle Stratocaster, qui offre une variété de sonorités impressionnante qui convient pour de nombreux styles musicaux, modèle le plus copier et le plus vendu au monde. D’autres modèles suivront : en 1958 sort la Jazzmaster, puis la Jazz Bass en 1960, la Jaguar en 1962 et la Mustang en 1964. La qualité des instruments, la large distribution et les séries de campagnes publicitaires innovantes ont participé aux succès de la marque Fender.

Fatiguée à cause de soucis de santé (il a contracté une angine streptococcique dans les années 50), Leo Fender vend ses sociétés à CBS (Columbia Broadcasting Systems) pour un prix record de 13,2 millions de dollars et reste consultant pendant 5 ans. Il change de médecin et finit par soigner sa maladie. En 1971 il fonde avec Forrest White et Tom Walker la Tri-Sonix company rebaptisée par la suite Music Man dont il devient le président en 1975. En 1979 sa femme Esther Klosky, qu’il a épousée un an après l’avoir rencontré en 1933, décède d’un cancer. Cette même année, il fonde avec George Fullerton et Dale Hyatt la société G&L (George et Leo) et développe une nouvelle gamme de guitares et de basses. Il se remarie en 1980 : sa femme Phyllis devient présidente d’honneur de la G&L. Ce bourreau de travail qui n’a jamais eu d’enfants continue de travailler à la production de guitare et de basse malgré quelques AVC, et ce jusqu’à sa mort : il décède le 21 mars 1991, après avoir souffert pendant plusieurs années de la maladie de Parkinson.

Leo Fender a fait partie de cette ère magique durant laquelle le son acoustique a été électrifié. Sa contribution lui a permis d’être intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 1992, et de recevoir l’Academy of Country Music’s Pioneer Award en 1981 et un Grammy Award spécial en 2009. Ses modèles sont devenus iconiques. Parmi les dix guitares les plus chères au monde on trouve la Stratocaster noire de 1969 de David Gilmour (vendu à 3 975 000 dollars), la Stratocaster blanche de Jimi Hendrix (avec laquelle il a joué à Woodstock, vendu à 2 000 000 dollars) ou encore la « Blackie » d’Eric Clapton (composé de plusieurs modèles de Fender de 1956 et 1957, vendu 959 500 dollars).

Jimi Hendrix avec sa Statocaster interprétant Voodoo Child à Woodstock

Leo Fender n’a pas eu peur de suivre son cœur en se plongeant totalement dans sa passion, ce qui lui a permis de marquer l’histoire : en se faisant seul, de manière autodidacte et, le plus étonnant, sans jamais avoir appris à jouer de la guitare !

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1 commentaire

Scarlet 14 juillet 2022 - 14h02

Je ne connaissais pas du tout. Merci pour ce portrait intéressant!

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