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2Pac, une légende toujours vivante

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Cela fait plus de vingt ans que 2Pac nous a quittés. C’est long, très long, et pourtant certains fans n’ont toujours pas fait leur deuil. Toutes ces longues années n’ont absolument pas terni le souvenir de l’artiste, devenu une légende.

Classé parmi les plus grands artistes musicaux de tous les temps (et parmi ceux engendrant le plus de revenus après leur mort), 2Pac était un artiste aux multiples talents. Rappeur, mais aussi acteur, producteur, scénariste, poète. Il a toujours mis son art au service des causes qu’il défendait, car il était aussi un activiste.

Issu d’une famille de militants ayant lutté aux côtés des Black Panthers, mouvement contestataire afro-américain des années 60/70, Tupac Amaru Shakur baigne dans cette ambiance révolutionnaire, lui donnant dès très jeune une conscience politique. Sa mère, Afeni Shakur, est l’une des Panther 21, arrêtés en avril 1969 et inculpés « d’association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme ». Elle n’est acquittée qu’un mois avant la naissance de Tupac après un procès historique : Tupac l’embryon, le fœtus, a donc connu la prison… Son prénom même est tout un symbole, puisqu’il lui est donné par sa mère en référence à un révolutionnaire péruvien ayant lutté contre les colons espagnols pour l’indépendance et la reconnaissance des droits des indigènes. Tupac est élevé par sa mère, qui a à cœur de faire du petit garçon un jeune afro-américain conscient du monde dans lequel il vit : participations à des meetings, discours, lecture des journaux dont il doit faire des comptes rendus… tout ce qui peut lui faire prendre conscience des problèmes sociaux et politiques. Il grandit dans un milieu violent, mais aussi intellectuel, qui nourrira par la suite les paroles de ses morceaux.

Ce natif de New York est devenu le plus grand représentant de la côte Ouest. Après avoir grandi à Harlem où il est né (le 16 juin 1971), sa famille et lui font un passage à Baltimore, où Tupac fait la connaissance de Jada Pinkett : celle qui fréquente la même école d’art devient l’une de ses meilleures amies. La famille Shakur s’installe par la suite en Californie. C’est là que sa carrière commence, marquant les années 90 de son empreinte. Il fait ses débuts dans la musique aux côtés du groupe de hip-hop d’Oakland, Digital Underground, avant de lancer son premier album solo, 2Pacalypse Now, en 1991. L’année suivante, c’est en tant qu’acteur qu’il se fait remarquer avec son rôle dans le film Juice. Dès lors sa notoriété ne fait qu’augmenter, tout comme ses problèmes…

Les policiers l’ont dans le collimateur. En 1992 un policier est tué au Texas par un adolescent qui écoutait 2Pacalypse Now. On l’accuse d’inciter les jeunes à la violence. La femme du policier en question le poursuit en justice. On lui interdit alors d’entrer au Texas. Interrogé sur la question quelques années plus tard, Tupac affirme parler des policiers corrompus, et n’avoir rien contre ceux qui font bien leur travail, déclarant même avoir de l’admiration pour ces derniers.

Le Gouvernement l’a dans le collimateur. Dan Quayle, vice-président des États-Unis de 1989 à 1993, incrimine le rappeur et la maison de disques Interscope Records. Il exige que l’album soit retiré de la vente. Tupac réplique qu’il ne fait que relater le quotidien et les problèmes auxquels sont confrontés les Afro-Américains.

Les féministes l’ont dans le collimateur. On l’accuse d’être sexiste, macho, utilisant des termes vulgaires et dégradants pour désigner les femmes. Tupac s’en défend. Celui qui a été élevé par une femme forte dont il était très proche a toujours déclaré avoir du respect pour les femmes : « Si je parle d’une femme vulgaire les gens vont dire ‘oh il déteste les femmes’ Non ! Je ne pense pas comme ça. Mais je pense définitivement qu’il existe un type de femmes que l’on appelle s****s dont le principal truc est de prendre ce qu’elles peuvent prendre, briser le cœur d’un mec et lui prendre tout ce qu’il a. Il y a des mecs qui sont des s****s aussi […] Les gens pensent que l’on dit que toutes les femmes sont des s****s. Ce n’est pas ce que l’on dit ». Malgré ça, et des morceaux comme Keep Ya Head Up, cette image lui collera à la peau. En 1993 il est accusé de viol. Le rappeur a toujours clamé son innocence, mais en novembre 1994 il est reconnu coupable de deux des neufs chefs d’accusation, les deux plus mineurs (attouchement au visage et aux fesses de la jeune femme alors âgée de 19 ans) et est condamné à un an et demi puis quatre ans de prison.

Le F.B.I. l’a dans le collimateur. Il est vu comme un potentiel leader pour la cause noire. Un document aurait été trouvé, le Code Thug Life, conçut par le rappeur et son beau-père Mutulu Shakur. Il s’agirait d’une liste de principes à respecter, afin de pacifier et d’unir les ghettos. Thug Life, ces mots, il les avait tatoués sur le ventre. Au sens littéral cela signifie « vie de voyou », mais Tupac voyait ça comme une description du style de vie qu’il a vécu : réussir en partant de rien. Il en a fait un acronyme, un sigle : « The Hate U Give Little Infants Fucks Everybody » («la haine que vous transmettez aux enfants se retourne contre nous tous»). On dit de lui qu’il est sans conteste un grand orateur, transcendant, et qu’il a des ambitions politiques. Représenter la communauté noire et tous les délaissés. Faire évoluer sa musique dans ce sens. Mais il n’en a pas eu le temps…

Un des événements majeurs a été cette attaque à New York dans la nuit du 30 novembre 1994, dans le hall des Quad Recording Studios. La veille de la délibération de son procès, Tupac reçoit cinq balles, dont deux à la tête, et est délesté de 40 000 dollars de bijoux. Dans le même bâtiment se trouvent Notorious B.I.G, rappeur représentant de la côte Est, et Puff Daddy (Sean Combs de son vrai nom), producteur et patron du label Bad Boys Records. Juste après l’attaque, il tombe nez à nez avec eux : il est persuadé qu’ils sont dans le coup, ou savent qui sont les assaillants. Il n’hésite d’ailleurs pas à les accuser publiquement. La guerre East Coast/ West Coast fait rage jusqu’à la mort des deux rappeurs. Pendant que Tupac purge sa peine en prison, Biggie, lui, explose, de quoi augmenter le ressentiment du premier. Pac sort l’album Me Against the World alors qu’il est enfermé. Cet album fait de lui le premier artiste à être en première position dans les charts tout en étant en prison. Il occupe son temps comme il peut : il s’adonne à la lecture (une de ses passions), écrit un scénario. Après avoir passé onze mois en prison, Tupac est libéré grâce à la caution de 1,4 million de dollars payée par Suge Knight, patron de Death Row. En échange, le rappeur signe et enregistre deux albums avec son label. Suge Knight est également en conflit avec la Team Bad Boys, et Tupac y voit là une bonne occasion de régler ses comptes. Avec Death Row,il sort ce qui est l’album de rap le plus vendu de tous les temps : All Eyez on Me, premier double album du hip-hop composé de titres originaux. Quelques mois après, en juin 1996, il lance avec les Outlawz le morceau Hit ‘Em Up (« Je les aurai ») : une attaque virulente envers l’équipe Bad Boys. Ce morceau est peut-être jusqu’à ce jour l’un des plus hardcores du hip-hop…

Le clap de fin, c’est à Las Vegas qu’il a lieu. Le 7 septembre 1996, Tupac assiste à un combat de boxe entre son ami Mike Tyson et Bruce Seldon au MGM Grand. En sortant de l’hôtel, une bagarre éclate entre Orlando Anderson, un membre du gang des Crips, et Tupac et son équipe. La scène est filmée par les caméras de surveillance. Tupac et sa bande ont prévu de terminer la soirée au Club 662. Le rappeur monte dans une berline noire aux côtés de Suge Knight. En route, il rencontre un photographe qui prendra la dernière photo de Tupac en vie, la police qui leur reproche d’avoir trop augmenté le volume de leur autoradio, deux jeunes femmes qu’ils invitent à la soirée à laquelle ils se rendent… puis une Cadillac blanche s’approche du côté passager et une rafale de coups de feu éclate alors, touchant Tupac à quatre reprises. Le rappeur est conduit à l’University Medical Center. Dans un premier temps, on lui donne 50% de chance de s’en sortir. Mais le vendredi 13 septembre, il est victime d’une hémorragie interne. Il est déclaré mort à 16h03 : les causes officielles du décès sont une insuffisance respiratoire et un arrêt cardio-respiratoire résultants de ses multiples blessures par balles. Il est incinéré le lendemain : la légende raconte que les membres des Outlawz auraient fumé une partie de ses cendres.

Jusqu’à présent on ne sait qui est ou sont le ou les assassins de Tupac. Beaucoup de zones d’ombre. Différentes théories dressant des listes de suspects existent… Il y en a même une qui veut que le rappeur ait feint sa propre mort… Le F.B.I. refuse toujours l’accès à son dossier. On ne sait si un jour on aura enfin le fin mot de cette histoire. Ce que l’on sait, c’est que durant ces vingt-cinq dernières années le monde du hip-hop a été privé d’un de ses plus grands et beaux représentants. Extraverti, charmant, magnétique, versatile, Tupac avait tout pour lui. Qui sait ce qu’il aurait fait si la mort ne l’avait pas fauché à tout juste 25 ans. Il y avait Tupac l’homme et 2Pac le rappeur, le personnage. Une personne complexe. Mais ne dit-on pas que tout être est composé d’ombre et de lumière… Sa lumière transparaissait à travers son large sourire. Aujourd’hui sa personne fascine et intrigue toujours autant. Il nous a laissé en héritage sa musique, ses messages, ses idéaux. À nous d’en faire bon usage.

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