L’acteur n’a tourné que dans trois films avant de disparaitre un 30 septembre à tout juste 24 ans. Sa fin tragique a participé au développement de son mythe, faisant de ce beau gosse d’Hollywood une icône incarnant à tout jamais le jeune rebelle. Inspiré par Marlon Brandon qu’il vénérait, James Dean est devenu à son tour un modèle dont la vie, la carrière et le style fascinent toujours.
James Byron Dean voit le jour le 8 février 1931 à Marion, petite ville de l’État d’Indiana. Il est le fils unique de Winton Arlando Dean et Mildred Marie Wilson. Ses parents se sont mariés en 1930, 6 mois avant sa naissance, ce qui est mal perçu dans cette région qu’est le Midwest. Winton abandonne l’agriculture pour se lancer dans la dentisterie. Jimmy, comme on le surnomme, est âgé de 6 ans lorsque son père se voit offrir un poste à Los Angeles. La petite famille s’installe alors dans un bungalow à Santa Monica. Le père exerce la profession de prothésiste dentaire, tandis que la mère fait des ménages à mi-temps. Le petit garçon, qui doit ses deux prénoms à sa maman férue de poésie, est très proche de cette dernière. Elle lui raconte des histoires, lui apprend à lire et écrire. Dès tout petit, elle l’initie au violon et l’inscrit à des cours de claquettes : elle souhaite en faire un artiste. Mais alors qu’elle souffre de fortes douleurs, on diagnostique à Mildred un cancer du col de l’utérus. Son mari s’endette afin de payer le traitement au radium, qui ne la sauvera malheureusement pas puisqu’elle décède le 14 juillet 1940, à l’âge de 29 ans. Jimmy n’a alors que 9 ans, et est complètement dévasté, bien que préparé à ce départ par son père. Celui-ci se sent désormais incapable de l’élever, et le renvoi donc dans l’Indiana chez sa sœur Ortense Adeline et son mari, Marcus Winslow. Il fait le voyage seul dans le même train qui ramène en terre natale la dépouille de sa mère, la seule qui pour lui le comprenait…
Le jeune James atterrit à Fairmount, dans la ferme de son oncle et sa tante qui sont tous les deux partisans du mouvement quaker. Il fait la connaissance d’un Révérend méthodiste nommé James DeWeerd, dont il devient très proche. L’homme qui a 15 ans de plus que lui devient son mentor et confident. Il l’initie à la tauromachie, les courses de voitures et le théâtre. DeWeerd dit de Jimmy qu’il est le plus heureux lorsqu’allongé sur le sol de sa bibliothèque, il peut s’adonner à la lecture d’un livre de Shakespeare ou autre, avec de la musique en fond (Tchaïkovski ayant sa préférence). Cette amitié aura un grand impact sur lui : on dira plus tard que leur relation était d’ordre amoureux (durant l’adolescence), d’autres affirment que le Révérend aurait abusé du petit garçon de 10 ans, en deuil et doublement abandonné… James devient par la suite un enfant puis un adolescent qui ne tient pas en place. Bien que n’étant pas très grand, myope et plutôt chétif, il s’illustre en sport au lycée : baseball, basketball, course à pied. Il aime également la nage et le patin à glace, dessiner et jouer du bongo. C’est un élève populaire qui se fait remarquer dans les clubs de débat et théâtre. Il aime attirer l’attention. Adeline Brookshire, sa professeure d’art dramatique, détecte un talent naturel derrière toutes ses pitreries et son tempérament casse-cou. Il trouve alors sa vocation : « Je crois que ma vie sera vouée à l’art et au théâtre », écrit-il à 17 ans dans un autoportrait. En 1949, après avoir été diplômé, James décide donc de repartir en Californie pour se rapprocher de son rêve.
Il s’installe dans un premier temps chez son père et sa belle-mère, avant de trouver un colocataire parmi ses camarades d’école. Il est d’abord inscrit à l’Université de Santa Monica, avant d’être transféré un an plus tard à la UCLA (Université de Californie à Los Angeles). Mais frustré et ne voyant pas comment son cursus universitaire lui permettrait d’atteindre son but, il abandonne la fac pour se consacrer entièrement à sa carrière. Il se constitue un réseau, notamment grâce à son charisme et son charme (qui séduiront nombre d’hommes et de femmes), et fait des apparitions télévisées. Ses débuts sur le petit écran il les doit à une publicité pour Pepsi Cola dans laquelle il est figurant. Son physique lui permet de se faire remarquer : on lui demande de tourner dans un second spot. Après quelques petits rôles, il décide de partir à New York. En 1953 il obtient une place à l’Actor Studio dirigé par Lee Strasberg, mais n’arrive pas à se conformer à sa méthode. Il se lance au théâtre à Broadway. Si en coulisse il exaspère ses partenaires notamment de par ses improvisations, sur les planches il est merveilleux. C’est en 1954 qu’il se fait remarquer par Hollywood, alors qu’il interprète le jeune arabe homosexuel de L’immoraliste, pièce adaptée du récit d’André Gide. Il tape dans l’œil du réalisateur américain d’origine grecque Elia Kazan lors d’une représentation test, la veille de la première. Kazan est sur le point de réaliser un film adapté d’un roman de John Steinbeck (lauréat du prix Nobel de littérature), À l’est d’Eden. Il propose à James Dean l’un des rôles principaux, celui de Cal, avec l’appui de l’auteur qui le trouve parfait. L’acteur accepte et quitte la pièce après deux semaines de représentations pour enfin faire ses grands débuts au cinéma…
Ce premier grand rôle fait écho à son propre parcours, Cal étant un jeune en révolte ne souhaitant qu’obtenir l’amour de son père, tout comme James… Lors d’une projection, les patrons de la Warner se rendent compte de l’effet que l’acteur produit sur le public féminin, et décident d’en jouer dans son film suivant : La Fureur de Vivre, qu’il finit de tourner en juin 1955. Il enchaine avec un autre film, Géant, où il n’a qu’un rôle secondaire aux côtés d’Elizabeth Taylor et Rock Hudson. Ce dernier film lui permet de montrer une autre facette de son jeu d’acteur, laissant entrevoir tant de possibilités. D’autres films et pièces de théâtre sont à venir, mais en ce mois de septembre 1955, James Dean est libre. Deux semaines après la fin du tournage de Géant, il décide de se rendre à une course automobile à Salinas, étant délivré de son contrat qui l’en empêchait jusque-là. Il vient de s’offrir une Porsche 550 Spyder qu’il conduit, avec son mécanicien à ses côtés. À 15h30, il est stoppé par la police qui lui met une amende pour excès de vitesse. Un peu plus de deux heures plus tard, une voiture lui coupe la priorité à un croisement et il ne peut empêcher le choc. Des trois personnes impliquées, il est le seul à trouver la mort ce jour-là, à tout juste 24 ans. Peu de temps avant, il avait tourné un spot pour la prévention routière… Il est inhumé le 8 octobre 1955 à Fairmount, devant une foule de 600 personnes, tandis que plus de 2 000 fans attendent à l’extérieur de l’église. Ce n’est qu’un mois après sa mort que sort en salle La Fureur de Vivre, le film qui définira son image dans la pop culture américaine, et qui constitue un classique pour tous les adolescents de l’époque. Géant ne sort qu’un an après sa mort. Le Tout-Hollywood se rend à l’avant-première, et les fans accourent dans les salles pour le voir une dernière fois. De son vivant, il n’aura vu qu’À l’est d’Eden. Toutes les nominations aux remises de prix, notamment les Oscars (il fait partie des rares acteurs nommés pour un premier rôle) et Golden Globes (où il est vainqueur), ont lieu à titre posthume. Plusieurs rumeurs commencent à circuler. On accuse Maila Nurmi, adepte de magie noire, de lui avoir jeté un sort. Sa voiture serait maudite, et les gens ayant acquis des pièces de celle-ci auraient été victimes d’accidents. On dit même que James Dean n’est pas mort, mais défiguré, et qu’il vivrait reclus quelque part. Les fans ne veulent pas lui dire adieu… ils en ont donc fait une légende.
James Dean : un talentueux acteur doué pour l’improvisation, l’incarnation du sex-symbol à la cool attitude, mais aussi un jeune homme marqué profondément par l’abandon, rongé par le doute et victime de changements d’humeur. Un être complexe, au caractère de chien fou, qui aura brulé la chandelle par les deux bouts. Plus de soixante ans après sa mort, sa vie et son œuvre sont encore passées en revus, analysées, décortiquées, ou encore sources d’inspiration artistique et autres… et tout laisse à croire que cela sera le cas durant un bon moment, tant sa légende semble avoir encore de beaux jours devant elle. On entend souvent dire d’un tel qu’il est le nouveau James Dean, comme si à Hollywood on lui cherchait un successeur combinant charme, talent et fragilité. On cherche encore…