Son nom est connu dans le monde entier, car à l’origine de la célèbre marque de récipient en plastique devenu un incontournable de nos cuisines. À tel point que le terme « tupperware » est devenu un nom commun désignant ces boites hermétiques toutes marques confondues. Ce fabuleux succès est né dans le cerveau de cet entrepreneur américain, dont la vie témoigne de l’importance de la persévérance, et qui au sommet de la gloire plaquât tout pour se retirer sur une ile jusqu’à sa mort, un 5 octobre…
Earl Silas Tupper de son nom complet, voit le jour le 28 juillet 1907 à Berlin, une ville de l’État du New Hampshire. Il est le premier enfant d’Ernest Leslie Tupper et de Lulu Elizabeth Clark (4 autres enfants complèteront la fratrie, 3 filles et 1 garçon). Quelque temps après, la famille s’installe à Shirley dans le Massachusetts où Earl grandit dans la ferme familiale. Le père gère la ferme et les serres, alors que la mère quant à elle fait des lessives pour les voisins et accueille parfois des pensionnaires. Quand il n’est pas à l’école, le petit Earl aide son père. Doté d’un esprit créatif et du sens du business, il décide de proposer les produits de la ferme en faisant du porte-à-porte plutôt que sur un stand ou au marché. Grâce à cette technique et sa force de persuasion, il réussit à augmenter les revenus de la famille. À l’âge de 17 ans, il sort à peine diplômé du lycée de Fitchburg, et poursuit ses études à l’université Bryant. Le désormais jeune homme est frustré par le manque d’esprit entrepreneurial de ses parents. Tandis que la famille a du mal à joindre les deux bouts, lui se voit businessman millionnaire avant l’âge de 30 ans. Il enchaine les petits boulots avant de décider que son expérience dans l’agriculture serait plus utile dans l’arboriculture. Il suit un cours, puis lance sa propre entreprise d’entretien d’arbres et d’aménagement paysager en 1928 baptisé Tupper Tree Doctors. Il aime également, et ce depuis l’adolescence, inventer divers objets (probablement inspiré par son père qui en faisant autant dit-on). Il note toutes ses idées dans des carnets. En 1931, il épouse Marie Withcomb à l’âge de 24 ans (avec qui il aura 5 enfants, 1 fille et 4 garçons). Cette dernière partage ses ambitions et le supporte dans tout ce qu’il entreprend.
Tupper gère son entreprise jusqu’en 1937. Il est finalement contraint de la fermer, suite à la crise économique des années 30 (La Grande Dépression). Il se retrouve en faillite à l’âge de 30 ans, au lieu d’être millionnaire comme il l’avait espéré. Mais il ne baisse pas les bras. Il trouve un emploi de fabricant d’échantillons à la Dupont Viscoloid Company située à Leominster dans le Massachusetts. Il n’y travaille qu’une année, durant laquelle il apprend beaucoup, puis fonde sa propre entreprise en 1938, la Earl S. Tupper Company. Il travaille d’abord en tant que sous-traitant de son ancien employeur, puis pour l’armée américaine qu’il fournit en masque à gaz et autres objets. Après la Seconde Guerre mondiale, il décide de se concentrer sur la fabrication d’objet du quotidien. Mais le plastique est alors cassant, gluant et malodorant. Il se met à acheter des machines et faire des expérimentations avec des résidus de polyéthylène, noir, dur et malodorant. Il trouve le moyen d’en faire quelque chose de flexible, inodore et translucide qu’il baptise Poly-T (il n’aime pas le terme « plastique »). Après l’invention d’un bol qui sert de conteneur, il ajoute un couvercle inspiré par les pots de peinture, qui permet une hermétisation : c’est la naissance du wonderbowl. En 1946, il fonde la Tupperware Company. Il met ses articles en vente en magasin, et ouvre même sa propre boutique à New York sur la Cinquième Avenue. Mais le public ne semble pas convaincu par l’utilité de ses produits : le plastique a mauvaise réputation et la notion d’hermétisme n’est pas bien comprise. Les ventes ne décollent pas…
Earl Tupper essaie de comprendre la raison de cet échec. Il constate alors qu’une vendeuse privée de Détroit travaillant pour la société Stanley Home Products (spécialisé dans la vente en réunion à domicile) est de ceux qui arrivent à écouler des stocks importants. En 1951, cette femme nommée Brownie Wise appelle pour signaler un retard de livraison. C’est Tupper en personne qui lui répond et propose de la rencontrer. Il engage alors cette maman divorcée afin de mettre en place une nouvelle stratégie markéting basée sur sa propre expérience de vente : c’est la naissance des réunions Tupperware baptisée Tupperware Home Party. On propose à des femmes de milieu modeste d’obtenir des revenus en leur enseignant des techniques de vente qu’elles mettront en place lors de réunions rassemblant leurs connaissances : on y fait des démonstrations et répond à toutes les questions dans une ambiance bon enfant. Ces réunions deviennent un phénomène national : elles permettent aux femmes au foyer des banlieues américaines (alors en développement) de se faire de l’argent tout en se socialisant. Les ventes explosent et permettent à Wise de se faire connaitre et de devenir le visage de la compagnie dans les médias : elle est la première femme à faire la couverture de The Business Week en 1954. Earl Tupper obtient enfin la réussite dont il a toujours rêvé et devient millionnaire.
Mais à la fin des années 50, les relations entre Tupper et Wise se dégradent fortement. Cette dernière a pris de plus en plus d’importance dans l’entreprise. Elle se présente comme étant la seule à l’origine du succès des tupperwares, sans évoquer leur inventeur. Tupper trouve qu’elle se soucie plus de sa petite personne et de son train de vie que de la promotion des produits. Il la congédie durant l’été 1957. Un an après, il décide de prendre sa retraite à l’âge de 51 ans et vend son entreprise pourtant florissante à Rexall Drug pour 16 millions de dollars (soit environ 121 millions d’euros aujourd’hui). Il divorce de sa femme en 1959. On dit qu’il est devenu paranoïaque et craint pour sa fortune… Il renonce à sa citoyenneté américaine afin de ne pas payer de taxes au fisc. Il s’achète une île au large du Costa Rica, et s’y installe avec sa fortune afin d’y finir ses jours. Il y décède d’une crise cardiaque le 5 octobre 1983.
Bien qu’il ait fini sa vie extraordinaire en reclus, Earl Silas Tupper reste l’incarnation de la réussite. Ses tupperwares sont arrivés au bon moment, alors même que les réfrigérateurs faisaient leur entrée. Ce modeste fils de fermier s’est toujours vu en Businessman et a poursuivi le succès sans relâche. Son imagination fertile a été la source de ses inventions (ses décédant ont fait don de ses fameux carnets à un musée), mais c’est également son obstination et sa manière de gérer les échecs et rebondir qui ont fait sa fortune. À cœur vaillant rien d’impossible…