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Louis Vuitton, modeste artisan à l’origine d’un empire

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Ce nom est synonyme de luxe à la française depuis plus de 150 ans. Pourtant derrière les fameuses initiales LV mondialement connues se cache un homme discret, issu d’un milieu modeste. C’est grâce à l’audace et la ténacité d’un jeune homme venu du Jura que nait cette marque devenue un véritable empire générant chaque année des milliards.

Louis Vuitton voit le jour le 4 aout 1821 au moulin à eau de Chabouilla à Anchay, un petit hameau. Il est le fils de François-Xavier Vuitton, meunier, et de Marie Coronné Gaillard, modiste. Il est le troisième enfant du couple qui s’est marié huit ans plus tôt : ensemble, ils auront en tout six enfants. Aucun d’eux ne sait lire et écrire : on leur assigne à chacun un rôle précis, les garçons doivent aider leur père au moulin tandis que les filles soignent le bétail et s’occupent des travaux domestiques. Leur père est un homme respecté dans la région. Le moulin ne pouvant tourner à plein temps que quelques mois dans l’année (juste après les moissons), François-Xavier utilise la roue hydraulique pour faire tourner une scie, rentabilisant ainsi son activité. Le petit Louis apprend beaucoup à ses côtés durant ses jeunes années de labeur. Malheureusement, sa vie change après un drame : sa mère meurt en couche le 16 février 1831, l’année de ses 10 ans. Son père se remarie un an plus tard avec Marie Rochet, qui lui donnera quatre autres enfants. Louis ne s’entend pas avec sa marâtre qu’il juge trop sévère. La dynamique de la famille change, la cohabitation avec les nouveaux venus est compliquée, et la vie au village est ennuyeuse. C’est pourquoi il prend la décision de quitter le domicile familial : il n’a alors que 13 ans, et pas un sou en poche.

C’est durant le printemps 1835 que le jeune Louis commence son périple à pied qui doit l’amener jusqu’à Paris. Il lui faudra deux ans pour parcourir les 400 km qui le séparent de la capitale. Chemin faisant, il multiplie les petits boulots pour subvenir à ses besoins et dort là où il peut. Le voyage n’est pas facile, mais le garçon est endurant. Il arrive enfin à destination en 1837. Il intègre l’atelier d’un dénommé Monsieur Maréchal, un layetier-emballeur-malletier (métier qui consiste à fabriquer des caisses, des malles, et à emballer les effets des voyageurs aisés), en tant qu’apprenti : il a alors 16 ans. Habile de ses mains, ingénieux, créatif et discret, Louis Vuitton est très vite le plus demandé. Il devient le malletier et emballeur d’Eugénie de Montijo, future épouse de Napoléon III et Impératrice des Français. Il entre alors en contact avec une clientèle plus élitiste. Il ne pense qu’au travail, et met chaque sou de côté. En 1854, il rencontre Clémence-Émilie Parriaux, âgée de 17 ans, qu’il épouse le 22 avril et qui lui donnera deux enfants : Élisabeth Louise (née en 1855) et Georges Féréol (né en 1857). C’est également en 1854 qu’il fonde la marque Louis Vuitton Malletier et ouvre son premier magasin au 4 rue des Capucines, près de la place Vendôme. Son carnet de commandes se remplit très vite. Très inventif et observateur, Louis conçoit la « malle plate » en 1858. Jusque-là, les malles étaient en cuir, et possédaient un couvercle bombé (afin de permettre à l’eau de s’écouler, car pas imperméable), ce qui les rendaient impossible à empiler. Louis décide d’utiliser de la toile résistante à l’eau pour ses malles rectangulaires aux couvercles plats, auxquelles il ajoute également des compartiments.

Les commandes se multiplient. Il crée même des bagages personnalisés pour ses clients les plus fortunés. Fort de son succès, il décide de s’agrandir en 1859 en transférant son atelier à Asnières-sur-Seine (il compte alors une vingtaine d’employés). C’est dans cette même ville qu’il décide de faire bâtir la demeure familiale. Mais le déclenchement de la guerre franco-prussienne en 1870 et la Commune de Paris impactent l’entreprise : les ateliers sont pillés et incendiés, la boutique est en ruine, Louis perd tout ce qu’il a durement construit. Mais il n’est pas homme à baisser les bras. Il ouvre un nouveau magasin au 1 rue Scribe à Paris, et le succès est de nouveau au rendez-vous. Il est rejoint par son fils George, qui l’incite à développer la marque à l’étranger (Londres, New York). Avec l’expansion vient le problème de la contrefaçon. Louis ira même jusqu’à en venir aux mains avec un malletier l’ayant copié, suite à quoi il finira au poste. Afin de contrecarrer ce phénomène, il crée différents imprimés exclusifs. C’est en 1888 qu’il adopte l’imprimé de damier beige et brun avec l’inscription « Marque Louis Vuitton déposée ». À cette époque, Louis, qui est veuf depuis le décès de sa femme le 6 novembre 1882, se consacre exclusivement à l’élaboration d’idées et la fabrication, laissant le reste à son fils. Il installe sur ses malles des serrures dites « incrochetable » et change à nouveau la donne. Il continuera à travailler jusqu’à sa mort, le 27 février 1892, à l’âge de 70 ans. Il lègue l’entreprise à son fils, qui tout comme lui a su la faire prospérer.

Si au départ Louis Vuitton semblait destiné à une vie campagnarde, sa curiosité, sa débrouillardise et son sens du travail l’ont amené à conquérir Paris et le monde en devenant ce malletier mythique. Face aux déboires de la vie, il a su ployer sans rompre, donnant l’exemple, à sa famille en premier lieu. Les créations et la marque de cet artisan entrepreneur suscitent toujours autant l’envie et l’intérêt, et sont des must-have du luxe. Et rien ne semble pouvoir changer ça !

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