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Muhammad Ali, bien au-delà du sport

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La boxe a fait de Muhammad Ali un champion. Mais ce sont son aura, son sens de l’éloquence et ses prises de position qui auront fait de cet homme une véritable légende, et un exemple à suivre pour nombre de sportifs, mais pas que.

Fils de Cassius Marcellus Clay et d’Odessa Lee Grady Clay, il voit le jour le 17 janvier 1942 à Louisville dans le Kentucky. Son père est un peintre de panneau d’affichage et sa mère une femme de ménage. Il grandit dans une modeste maison d’un quartier de la classe moyenne, un quartier noir, dans une Amérique ségrégationniste. Il est élevé selon les préceptes baptistes, tout comme son frère Rahman (né Rudolph « Rudy » Valentino) plus jeune que lui de deux ans. C’est à l’âge de 12 ans qu’il découvre sa passion. Son rêve du moment est de posséder une bicyclette rouge de la marque Schwinn, qu’il finit par obtenir. Mais, pour son grand malheur, le gamin se la fait voler. C’est cet événement qui provoque son premier contact avec ce sport, qui se fait grâce à sa rencontre avec Joe Martin. Il fait la connaissance de ce policier, qui est également un entraineur de boxe local, alors qu’il vient se plaindre du vol. C’est la boxe qui lui permet d’obtenir son diplôme malgré ses mauvaises notes : il remporte 6 Kentucky Gold Gloves durant ses années lycée. Le principal ne s’y trompe pas lorsqu’il annonce le jour des délibérations pour la délivrance du diplôme qu’il serait « la chance de célébrité de cette école ». Il débute sa carrière professionnelle en 1960 : il remporte la médaille d’or des poids mi-lourds aux Jeux Olympiques de Rome, médaille qu’il, selon la légende, jette dans la rivière de l’Ohio après qu’on ait refusé de le servir dans un restaurant à cause de sa couleur de peau (il aurait avoué plus tard l’avoir en fait égarée). Il se retrouve sous la tutelle d’Angelo Dundee, une légende de la boxe qui sera son entraineur durant toute sa carrière professionnelle. Son premier combat professionnel à lieu le 29 octobre de la même année : il le remporte aux points contre Tunney Hunsaker. Il se fait peu à peu connaître dans tous les États-Unis, par son style particulier, mais aussi par son légendaire sens de la formule : il aime décrire ses futures victoires (en écrivant des poèmes) et s’autocomplimenter (« je suis jeune, je suis mignon et je suis totalement imbattable »). Il prendra aussi l’habitude de donner des surnoms à ses adversaires.

 Il est élu boxeur de l’année en 1963 et combat pour le titre de champion du monde le 24 février de l’année suivante à Miami : il est donné perdant face au tenant du titre, Sonny Liston, considéré comme invincible. Mais, à la surprise générale, il remporte le combat en épuisant son adversaire. Liston, blessé à l’épaule, se voit appliquer de la pommade qui gicle dans les yeux de Clay lors du combat, ce qui permet à Liston de revenir un moment, mais il est finalement contraint d’abandonné à la reprise du 7e round. Proche de Malcom X qui le soutient, il rejoint la Nation of Islam et devient Cassius X, puis adopte par la suite le nom de Muhammad Ali qui lui a été donné par Elijah Muhammad, le chef du mouvement (qui profitera de sa notoriété). Le 25 mai 1965 a lieu le combat revanche : il est à nouveau opposé à Sonny Liston et gagne le combat qui est par la suite jugé controversé, car des journalistes l’accuseront d’être truqué. De 1964 à 1967 il domine la catégorie des lourds, remportant des victoires face à l’ex-champion Floyd Patterson, le Canadien George Chuvalo, Henry Cooper le premier boxeur à l’avoir envoyé à terre ou le champion allemand Karl Mildenberger. La WBA, qui n’apprécie pas ses positions politiques, lui retire son titre de champion du monde en prétextant que son combat revanche contre Liston était illégal et sacre sans son accord Ernie Terrel : il récupère ce titre le 6 février 1967.

Le 28 avril 1967 marque le début d’une période difficile pour Ali. Il refuse symboliquement d’intégrer l’armée américaine alors que le pays est engagé dans la guerre du Viet Nam et devient objecteur de conscience : il justifiera son refus en déclarant qu’il n’a « rien contre le Viêt-Cong ». Il est condamné quelque mois plus tard à 5 ans de prison et 10 000 dollars d’amende. Il perd aussi sa licence et son titre de champion du monde. Il fait appel, évite la prison, mais connaît des problèmes financiers jusqu’à ce que la Cour Suprême lui donne raison le 28 juin 1971. Avant cela, il tente de récupérer le titre en combattant Joe Frazier le 8 mars 1971 : le combat qui a lieu au Madison Square Garden est un échec pour lui. Il connaît sa première défaite. Il accomplit alors plusieurs combats pour pouvoir revenir au sommet et prendre sa revanche contre Frazier. Mais le 22 janvier 1973, Frazier est battu par George Foreman et Ali considère alors qu’il lui faut battre les deux hommes s’il veut retrouver son prestige. Mais un nouvel événement vient modifier ses plans : il connaît sa deuxième défaite le 31 mars 1973. Il voit en Ken Norton, qui lui brisa la mâchoire au 2e round, un troisième homme à abattre pour revenir au sommet. C’est ce qu’il fera en trois temps : il décide de combattre les trois hommes dans l’ordre décroissant, du plus faible au plus fort. Les deux premiers combats sont ceux de la revanche, mais le troisième est le plus dur.

Le combat contre Foreman pour le titre de champion du monde est organisé par Don King, qui est alors un nouveau promoteur de boxe. Chaque boxeur doit recevoir 5 millions de dollars pour ce combat et c’est auprès du dictateur Mobutu que Don King trouve les fonds. Mobutu souhaite faire la promotion de son pays, d’où son investissement : la rencontre est donc programmée à Kinshasa. Des concerts de célèbres artistes afro-américains sont aussi programmés. Foreman, plus jeune que lui et surtout invaincu, est vu comme le favori, mais Ali a le soutien du peuple : on se souvient de ses courses dans la capitale au rythme des « Ali bumaye » (qui signifie « Ali tue le ») scandés par la foule. Il déclare qu’il battra Foreman par sa rapidité, mais il va utiliser une tout autre stratégie. Le combat, surnommé « Rumble in the jungle » a lieu le 30 octobre 1974. Ali passe la majeure partie du temps dans les cordes à encaisser les coups de Foreman afin de l’épuiser. Sa tactique paye puisqu’à bout de souffle, Foreman tombe au 8e round et le titre revient à Ali après un coup qui est qualifié de « fantôme ». Ce combat historique, qui fut désigné combat de l’année et permit à Ali de recevoir plusieurs récompenses, fait l’objet d’un documentaire de Leon Gast intitulé « When we were kings » (1996). L’année suivante il affronte de nouveau Joe Frazier aux Philippines dans le combat qu’on appellera « Thrilla in Manilla ». Il durera 14 rounds, à la suite desquels l’entraineur de Frazier refuse de le laisser continuer, ce qui offre la victoire à Ali par K.O technique. C’est un des combats qui marqua l’histoire d’Ali et de la boxe : il fut désigné combat de l’année 1975.

Ali conserve son titre de champion du monde jusqu’en 1978 : il perd son combat contre Leon Spinks, champion olympique de 1976 dont ce n’est que le huitième combat en professionnel. Il prend sa revanche lors d’un match retour et devient champion du monde poids lourds pour la troisième fois. Il déclare prendre sa retraite le 27 juin 1979, mais revient un an plus tard pour défier Larry Holmes, afin d’être le premier boxeur à gagner 4 titres de champions du monde poids lourds. Mais ce 2 octobre 1980, Ali perd par KO technique contre celui qui fut son partenaire d’entrainement. Les experts et les fans considèrent que c’est un Ali diminué qui a combattu un Holmes montrant trop de respect pour son ainé et idole. Son dernier combat a lieu le 11 décembre 1981 à Nassau aux Bahamas contre le futur champion Trevor Berbick, de 12 ans son cadet. Même s’il livre une meilleure prestation comparée à celles qu’il a pu faire quelques mois auparavant, Ali perd au 10e round par décision unanime. Ce combat qui fut nommé « The Drama in the Bahamas » eut lieu dans l’indifférence, les prestations du boxeur n’étant plus ce qu’elles étaient. En 1984 on lui diagnostique la maladie de Parkinson, affection dégénérative qui se manifeste par des troubles du mouvement.

Muhammad Ali, qui fait le tour du monde et est reçu par plusieurs chefs d’États, jouit d’une certaine aura, notamment après sa conversion officielle à l’islam sunnite et son éloignement de la Nation of Islam. En 1985 il est envoyé pour négocier la libération d’otages au Liban. En 1990 il va rencontrer Saddam Hussein à la veille de la guerre du Golfe pour prôner la paix. Il réussit à obtenir la libération de 15 Américains enlevés lors de l’opération « Bouclier du désert ». Par la suite Ali se fait discret. On ne le revoit réellement dans les médias qu’en 1996 aux Jeux Olympiques d’Atlanta où il allume la flamme. Les images sont émouvantes, car c’est l’ombre d’une légende que l’on voit : un Muhammad Ali malade et faible. À cette occasion une nouvelle médaille d’or lui est remise pour remplacer celle de 1960. Il obtient son étoile sur le Hollywood Boulevard en 2002. Elle est la seule à ne pas être au sol : elle est incrustée dans un mur du Kodak Theater (où se déroule les Oscars), car Ali avait déclaré au comité d’attribution « je ne veux pas que les gens marchent sur le nom du Prophète ». Le 9 novembre 2005, il reçoit la « médaille présidentielle de la liberté » lors d’une cérémonie à la maison blanche et reçoit la médaille de la paix Otto Han le 17 décembre. Il assiste à la cérémonie des J.O. de Londres en 2012. Sa dernière apparition publique date d’avril 216, lorsqu’il assiste à un dîner de charité à Phoenix ayant pour but de recueillir des fonds pour la recherche contre la maladie de Parkinson : il aime se consacrer à des œuvres de charité et des associations à travers le monde, utilisant son nom et son image pour la bonne cause. Le 2 juin de la même année il est hospitalisé pour des problèmes respiratoires, il décède le lendemain, à l’âge de 74 ans, après avoir lutté contre la maladie de Parkinson pendant 32 ans.

Muhammad Ali aura séduit par son physique impressionnant, ses pas de danse sur le ring et son sens de l’humour. Il aimait dire « je vole comme un papillon et pique comme une abeille ! » Cet homme charismatique, qui faisait le show sur et en dehors du ring, aura marqué de ses poings l’histoire de la boxe et bien plus encore.

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