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Robin Williams, le clown triste

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Il était l’un des meilleurs de sa génération. La mort de l’acteur a bouleversé l’industrie du cinéma ainsi que ses nombreux fans. Qui aurait pu imaginer que la superstar des années 90 qui a tant fait rire les spectateurs était en souffrance… Robin Williams a su durant ses dernières années camoufler aux yeux du monde les maux qui le rongeaient et qui l’ont conduit à sa mort, à l’âge de 63 ans. Sa longue carrière nous aura laissé une galerie de personnages marquants, et des leçons de vie.

Robin McLaurin Williams (de son nom complet) voit le jour le 21 juillet 1951 à Chicago dans l’Illinois. Il est le fils de Robert Fitzgerald Williams et Laurie McLaurin, qui ont chacun un garçon issu d’un précédent mariage (Robert Todd Williams né en 1938, McLaurin Smith Williams né en 1947). Robert est cadre supérieur chez la Ford Motor Company tandis que Laurie, passionnée de mode, est un ancien modèle. La famille déménage dans un quartier huppé du Michigan où Robin fréquente la Detroit Country Day School. Cette école privée est source de tourments pour le jeune garçon. En effet, il y est régulièrement harcelé par ses camarades. Ses parents travaillant tout le temps, Robin l’introverti utilise son imagination pour peupler sa solitude, et fait appel à l’humour comme mécanisme de défense. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’il semble commencer à trouver sa place. C’est la fin des années 60 et les Williams atterrissent en Californie. Robin intègre alors la Redwood High School où il s’illustre dans le sport (lutte et football) et le théâtre. Il a la réputation d’être le clown de la classe. Pourtant c’est vers des études en science politique qu’il se dirige après sa remise de diplôme en 1969. Il s’inscrit au Claremont Men’s College où il finit par bien plus fréquenter le théâtre que les salles de classe. C’est pourquoi en 1970 il décide d’aller au College of Marin où il se perfectionne en improvisation. Il provoque continuellement chez ses professeurs et camarades de grandes crises de fou rire. Son talent ne passe pas inaperçu : en 1973, la fameuse Juilliard School lui offre une bourse complète. Il est l’un des deux seuls étudiants acceptés par John Houseman (directeur de la section « art dramatique » créée récemment) à intégrer le programme avancé cette année-là, l’autre étant Christopher Reeve (le futur Superman). Il quitte l’école en 1976 sans en être diplômé (mais recevra un Doctorat honorifique en 1991) et repart en Californie.

De retour sur la cote Ouest, Robin Williams se lance dans le stand up et y connait un certain succès. Il apparait même dans des shows télévisés. Il aime particulièrement le retour immédiat du public, mais trouve que se produire sur scène est très stressant. En 1978, il épouse Valerie Velardi qu’il a rencontré deux ans plus tôt dans un bar de San Francisco où il travaillait (ensemble ils auront un fils, Zachary, né en 1983). Cette même année il auditionne pour le rôle de Mork l’alien dans la série à succès Happy Days : il impressionne le producteur en s’asseyant sur la tête (ce dernier dira qu’il a été le seul alien à auditionner) et obtient le rôle. Le personnage est tellement apprécié qu’un spin off est créé, Mork and Mindy (diffusé de septembre 1978 à mai 1982), dans lequel il improvise constamment. Ce rôle lui permet d’obtenir sa première récompense en 1979, le Golden Globe du meilleur acteur dans une série télévisée musicale ou comique. Au cinéma, c’est grâce au rôle de Popeye dans le film du même nom qu’il se fait remarquer en 1980. Mais son premier vrai grand rôle est celui de l’animateur radio Adrian Cronauer dans Good Morning, Vietnam en 1987, grâce auquel il obtient son deuxième Golden Globes et sa première nomination aux Oscars. La fin des années 80 est également marquée par son rôle de professeur de littérature anglaise dans Le Cercle des poètes disparus, film magnifique qui montre que l’acteur peut aussi s’illustrer dans des drames. Avec la célébrité arrivent les problèmes : les excès. Robin consomme trop d’alcool, de la drogue, fait la fête tous les soirs et multiplie les relations extraconjugales, ce qui lui voudra de divorcer en 1988. L’année suivante, il épouse Marsha Lynn Garces, ancienne nounou de son fils, avec qui il a deux enfants (Zelda Rae née en 1989 et Cody Alan né en 1991).

Les années 90 constituent une décennie fructueuse durant laquelle Robin Williams s’illustre particulièrement dans des films familiaux : Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (1991), Aladdin (1992), Madame Doubtfire (1993), Jumanji (1995) ou encore Flubber (1997). Elle se conclut avec un Oscars : l’acteur remporte la fameuse statuette en 1998 pour son rôle dans Will Hunting (après avoir été nominé à trois reprises précédemment). Durant sa carrière, l’acteur impose une clause à tous ses contrats : l’obligation d’engager des personnes sans domicile fixe. Il est également impliqué dans différentes organisations caritatives, telles que Comic Relief, la Christopher and Dana Reeve Foundation ou l’United Service Organizations (USO). Habitué des rôles sympathiques, Robin incarne des personnages plus sombres au début des années 2000 : Sy Parrish dans Photo Obsession (2002) ou Walter Finch dans Insomnia (2002). Sa riche filmographie témoigne de sa grande versatilité. En 2005, les Golden Globes lui décernent le Cecil B. DeMille Award pour l’ensemble de sa carrière, qu’il dédie à son grand ami Christopher Reeve, décédé en 2004 (il n’avait pas hésité à venir le réconforter à l’hôpital après son terrible accident). Le début des années 2000 n’est pas seulement source de succès et de joie : après 20 années de sobriété, l’acteur retombe dans ses anciens travers. Il recommence à boire en 2005, alors qu’il est en Alaska et se sent seul. Il retourne en cure de désintoxication en 2006.  Deux ans plus tard, sa femme demande le divorce après 19 ans de vie commune : celui-ci est finalisé en 2010. L’année suivante il épouse Susan Schneider dont il partagera la vie jusqu’à la fin de la sienne : le 11 aout 2014, Robin Williams est retrouvé mort dans sa maison en Californie. D’après la police, son décès est « un suicide dû à l’asphyxie à cause d’une pendaison ». Son corps est incinéré et ses cendres dispersées dans la baie de San Francisco dès le lendemain. Selon ses proches, c’est la dégradation de sa santé qui aurait poussé l’acteur à mettre fin à ses jours : outre la dépression, on venait de lui diagnostiquer la maladie de Parkinson, et celle de la démence à corps de Lewy a été détectée lors de l’autopsie.

Pendant des décennies, Robin Williams aura tour à tour fait pleurer de rire ou émue aux larmes les spectateurs. Légende du cinéma américain, l’acteur aura marqué plusieurs générations. Mais celui que tout le monde décrit comme le génie de la comédie à la personnalité survoltée était en réalité un homme quelque peu tourmenté. « Je pense que les gens les plus tristes font toujours de leur mieux pour rendre les gens heureux », disait-il. Rendre les gens heureux, c’est ce à quoi il s’est évertué. Il utilisait l’humour pour se faire apprécier, et ce dès son plus jeune âge. Le rire des autres était addictif. Il avait conscience des premiers symptômes de maladies, ce qui d’après sa veuve le terrifiait : ne plus être lui-même, oublier et être oublié… « Robin perdait la tête et il en était conscient […] Pouvez-vous imaginer la douleur qu’il a ressentie en se voyant partir ? » écrit-elle dans un essai. Sa mort nous rappelle à quel point il est tout aussi important de s’assurer de l’état de ceux qui ont l’air fort, calme, heureux, joyeux… on ne sait quelle blessure se cache derrière un masque plaisant.

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