Son nom est associé aujourd’hui au luxe, à la qualité, mais aussi à la Grande-Bretagne. Derrière cette marque fondée il y a plus de 150 ans se cache un homme aux origines humbles, passionné et innovateur qui, a un jeune âge, fonda ce qui devint un véritable empire.
Thomas Burberry nait le 27 août 1835 à Brockham, un petit village du district de Mole Valley à Surrey, en Angleterre. Il est le fils de Thomas Burberry, un fermier, et Elizabeth Flint, sa seconde épouse. Il n’est pas le premier enfant de la famille à être baptisé Thomas. De son premier mariage d’avec Rebecca Wonham, son père eut 4 enfants, Mary Ann, Esther, Rebecca et Thomas, tous décédés jeunes (21, 15, 12 et 2 ans). Il ne connut donc aucun de ses demi-frères et sœurs. Sa mère donna également naissance à 4 enfants, Elizabeth de 2 ans son ainée, Mary plus jeune de 3 ans et Michael, qui serait né l’année du décès de son père. Thomas est scolarisé à l’école du village. Très jeune, il se prend de passion pour les activités en extérieur. On dit même qu’il participa à de petites compétitions. Son père décède en 1845, alors qu’il n’est âgé que de dix ans. Bien qu’il fréquente le milieu paysan depuis tout petit, Thomas ne se dirige pas vers cette voie là au moment de se choisir un avenir : plutôt que de prendre la succession de son père en étant fermier à son tour, il choisit de se tourner vers le textile, après avoir travaillé chez un petit commerçant local. Il devient alors apprenti drapier, un métier en vogue au XIXe siècle en Europe. À la vingtaine, on aurait diagnostiqué à Thomas des rhumatismes précoces : son médecin lui aurait alors conseillé de ne plus porter d’imperméable en caoutchouc qui, bien qu’il protège de la pluie, ne permet pas l’évacuation de la transpiration. En 1856, Thomas décide de s’installer dans une petite ville voisine de 4 500 habitants : Basingstoke, située dans le Hampshire.
C’est dans cette ville de province qu’il décide à l’âge de 21 ans d’ouvrir une petite boutique de vêtement baptisée T. Burberry and Sons. Il a un bon sens du business et sait identifier les besoins de la communauté locale et particulièrement des fermiers. En 1858 il épouse Catherine Hannah Newman : il a alors 23 ans et elle 30. Ils commencent à fonder une famille deux ans plus tard et ensemble auront 6 enfants : 4 filles (Elizabeth, Annie Catherine, Alice Mary et Edith Dina) et 2 fils (Arthur Michael et Thomas Newman). Les affaires marchent bien. En 1861 il emploie déjà plusieurs personnes, 7 hommes, 7 femmes, et 3 jeunes garçons. Thomas commence à effectuer des recherches et faire des expérimentations avec des matériaux afin de réussir à fabriquer des tissus résistant aux intempéries pour des vêtements adaptés aux clients qui aiment les activités réaliser à la campagne en plein air telles que la pêche, la chasse et l’équitation. En 1868 il ouvre sa première usine, qui au bout de quelques années emploie 80 personnes. Il est à la tête d’une belle entreprise dont l’expansion rapide lui permet de très bien gagner sa vie. Bien que toujours attaché à la campagne, son niveau de vie augmente considérablement. En 1871 il s’installe dans une maison de Basingstoke de 64 hectares avec des domestiques et une gouvernante engagée pour s’occuper de ses enfants. En 1880 ses deux fils Arthur Michael et Thomas Newman rejoignent l’entreprise afin d’aider leur père.
Entre 1879 et 1880, Thomas Burberry réussit enfin à aller au bout de ses recherches qui aboutissent après plusieurs essais à la création d’un tissu respirant fait à l’aide d’un procédé innovant où le fil est imperméabilisé avant le tissage. Ce tissu à base de coton égyptien (inspiré par une rencontre avec un berger de la région dit-on) est non seulement résistant à l’eau, mais très robuste. Il dépose un brevet pour ce tissu en 1888 (ce qui lui en permet la production exclusive jusqu’en 1917). Burberry ouvre de nouvelles usines dans lesquelles il emploie des centaines de personnes. Sa trouvaille le fait connaitre dans le monde entier et lui apporte d’excellentes critiques. On parle même de lui dans la presse. En 1891, il envoie ses fils à Londres afin d’agrandir la compagnie. Un magasin est ouvert à Haymarket. En viendront d’autres par la suite à Reading, Manchester, Liverpool et Winchester. Il ne s’arrête pas à l’Angleterre puisque des branches sont ouvertes à Paris, New York, Buenos Aires et Montevideo. En 1893, le Docteur Fridtjof Nansen, un explorateur polaire et zoologiste norvégien (qui recevra le prix Nobel de la paix en 1922), devient le premier explorateur à revêtir une gabardine Burberry lors d’une mission dans le cercle arctique. Thomas sait que la publicité est bonne pour les affaires. Être approuvé par l’élite, les gens riches et célèbres, fait partie de sa stratégie de communication. Ses produits sont plébiscités par des explorateurs à la poursuite de records (en Arctique, Antarctique, sur l’Everest ou en vol au-dessus de l’Atlantique), l’armée, et même la famille royale ! Deux ans après la mort de son épouse, Thomas se remarie à Mary Marshall en 1896, alors qu’il est âgé de 61 ans et elle de 41. Le désormais célèbre logo du cavalier en armure est créé et enregistré en 1901. L’année suivante c’est le terme Gabardine qui est déposé. La société est enregistrée sous le nom de Burberry en 1909.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Thomas Burberry est sollicité afin de créer un vêtement pour les soldats anglais qui sont envoyés sur le front. Il souhaite créer quelque chose d’agréable à porter qui soit également résistant et adapté au combat. Pour ce faire, il apporte des modifications à un vêtement déjà existant qui fait partie des grands succès de la marque : un manteau baptisé Tielocken fait avec la fameuse gabardine. Il ajoute à ce modèle une ceinture, ainsi que des anneaux qui serviront à accrocher des grenades et autres armes de guerre, et des pattes aux épaules pour les galons et insignes. Il est baptisé Trench-coat qui signifie « manteau de tranchée » (pièce phare encore aujourd’hui). Destiné aux hommes et d’utilité militaire, le trench sera démocratisé et glamourisé après la guerre, notamment par les célébrités et autres stars de cinéma (hommes et femmes) : la célèbre doublure au tartan écossais baptisé Nova Check y est ajoutée pour plus de style.
Thomas Burberry décide de prendre sa retraite en 1917, à l’âge de 82 ans. Il se retire à Abbots Court, un grand manoir situé près de la station balnéaire de Weymouth. Il dédie tout son temps libre à la religion, lui qui est un fervent Baptiste aimant commencer ses journées par des réunions de prières. Il adopte une vie saine, comportement qu’il doit surement à ses relations avec les soldats et sportifs qui ont été ses clients durant des années. Il s’abstient de boire de l’alcool et fait campagne contre le tabagisme. En 1920, la compagnie entre à la Bourse de Londres et est constituée en société sous le nom de Burberrys Limited. Ses deux fils, Arthur Michael et Thomas Newman, sont codirecteurs généraux. Il décède en 1926, à l’âge de 90 ans. Ce fils de fermier aura vécu une longue vie riche en succès. Ses recherches, innovations et designs auront marqué le monde, bien au-delà de la mode. Ce qui n’était qu’au départ une petite échoppe dans une petite bourgade est vite devenu un empire grâce à son génie. Si l’on oublie parfois ce grand Monsieur qu’a été Thomas, personne ne peut oublier le nom de Burberry qui résonne avec grandeur encore aujourd’hui.